Bâtiment : Investir pour améliorer notre environnement de travail et les conditions de vie de nos animaux

#porc
18 août 2025

Éleveur à Plélan-le-Petit (22), David Fairier a construit un nouveau bâtiment pour réunir tous les stades sous le même toit depuis la verraterie jusqu’au post-sevrage. Ce nouvel outil a été pensé pour offrir des conditions optimales autant à l’éleveur et ses salariés qu’aux animaux.

« Nos anciens bâtiments étaient arrivés en bout de course », retrace David Fairier. Pour améliorer les conditions de travail et le confort des animaux, l’éleveur décide de refaire à neuf la quarantaine, la verraterie, les gestantes, la maternité et les nurseries. « Par souci d’efficacité dans l’organisation de travail, ça m’a semblé plus judicieux d’avoir tout sous le même toit », argumente l’éleveur, qui a également rénové une partie de l’engraissement. David Fairier a commencé à réfléchir à son projet en 2018. « Il m’a fallu 4/5 ans pour le mener à bien. J’ai passé beaucoup de temps à réfléchir à l’organisation, aux plans. Mais ce sont les procédures administratives qui ont pris du temps », regrette l’éleveur. Par exemple, alors qu’il n’augmentait pas son cheptel truies, David Fairier a dû trouver des surfaces d’épandage supplémentaires car la réglementation est devenue plus exigeante qu’à date de sa précédente autorisation. « Le délai d’attente pour les diverses autorisations a eu un impact sur le montant à investir, déplore l’éleveur. Dans les devis en février 2021, le projet se montait à 2,4 millions d’euros. Les entreprises nous ont passé des hausses, en décembre 2021 on était arrivé à 2,8 millions. » David Fairier a coordonné les travaux, en se faisant épauler par un coordinateur sécurité. « Cela m’a été utile de pouvoir m’appuyer sur quelqu’un qui connaît toutes les attentes sur les conditions de sécurité au travail », reconnaît l’éleveur. Après un an de travaux, le nouveau bâtiment est opérationnel depuis octobre 2023.

David Fairier, éleveur à Plélan-le-Petit.

Anticiper les exigences

Pour la conception de son bâtiment, David Fairier a tenu à combiner plusieurs exigences. La première était d’obtenir de bonnes conditions de travail. « Cela passe par une facilité d’organisation et de circulation, détaille l’éleveur. Mais aussi par de l’automatisation pour avoir plutôt à faire de la surveillance que de la manutention. Dans notre profession, le recrutement n’est pas toujours simple. Avoir un élevage attrayant est un atout pour attirer et fidéliser les collaborateurs. » L’éleveur voulait aussi pouvoir faire facilement visiter son bâtiment. Il a donc installé des fenêtres vers l’extérieur, pour que les animaux aient accès à la lumière naturelle, mais aussi vers l’intérieur, entre les salles et vers le couloir. Ce qui apporte beaucoup de clarté et offre la possibilité de voir facilement dans toutes les salles. Maximiser la biosécurité a été un des autres axes forts de la réflexion de David Fairier. « J’ai organisé le bâtiment avec un raisonnement de marche en avant. Avant, par exemple, il fallait traverser l’engraissement pour amener les porcelets au post-sevrage. Aujourd’hui, les différents âges ne se croisent plus, apprécie-t-il. Les couloirs et les quais sont fermés et facilement désinfectables. »

David Fairier est aussi allé au-delà des exigences réglementaires sur la contention en installant des cases liberté en maternité. Les truies sont élevées en groupe en verraterie et en gestantes. « Il n’y a de la contention que pour l’IA et pour les premiers jours après la mise bas », détaille l’éleveur. La prise en compte du bien-être animal passe aussi par une augmentation des surfaces par animal en post-sevrage et en engraissement, que David Fairier a voulu supérieures aux normes en vigueur. « Nous obtenons de meilleures croissances en engraissement avec cette nouvelle organisation », apprécie l’éleveur. Également dans l’optique d’améliorer le bien-être animal, David Fairier est parti sur la production de mâles entiers. Il teste l’arrêt de la caudectomie. L’éleveur pense aussi expérimenter la sociabilisation précoce par le mélange de porcelets en maternité. « On a prévu des trappes dans les cases, qui permettront de mettre en contact les porcelets qui se retrouveront ensemble en nurserie. Cet apprentissage précoce a pour but de limiter le stress au moment des sevrages. »

Renforcer l’automatisation

Dans son nouveau bâtiment, David Fairier a maximisé les automatisations pour dégager du temps pour le suivi technique. La gestion de la ventilation est pilotée par ordinateur. « C’est un gain de temps pour nous, de confort pour les animaux », souligne l’éleveur. De même pour la machine à soupe, toute la partie alimentation est neuve et valorise des céréales produites sur l’exploitation. Depuis le broyage des céréales jusqu’aux préparations finales, tout est pilotable à distance. Des sondes dans les auges contrôlent la vitesse de consommation avant de déclencher le remplissage. Ce qui évite d’avoir à vider manuellement les auges. La particularité de ces installations est la distribution d’aliments liquides à tous les stades sur l’élevage. L’éleveur utilisait déjà cette technique mais dans le nouveau bâtiment, tout est automatisé. « Il n’y a plus de distribution manuelle, même en maternité grâce au Nutrix qui distribue,dans des augettes adaptées aux porcelets, du lait les premiers jours, puis de la soupe », apprécie David Fairier.

Améliorer les performances technico-économiques

« En maternité, une case liberté fait 6,5 m2. Soit 2 m2 de plus que nos anciennes installations, donc à cheptel équivalent, il a fallu partir sur un bâtiment plus grand, retrace l’éleveur. C’est un nouvel équilibre entre les améliorations envisagées et la viabilité de l’élevage. Ce qui nous impose de progresser au niveau technico-économique. » La première piste a été de réduire la consommation énergétique : géothermie pour les chauffages, ventilation basse consommation, éclairage par LED, isolation plus performante… Les choix génétiques, la conduite ont permis, à nombre de truies équivalent, d’augmenter le nombre de charcutiers vendus. Sur les premiers mois de 2024, le nombre de sevrés/portés a atteint les 14,92 porcelets.