Chez Adrien Montefusco : l’expérimentation pour apprendre et comprendre

#fermes 4 soleils #porc
18 janvier 2021
adrien montefusco

Les éleveurs Fermes 4 soleils sont des expérimentateurs dans l’âme, à l’image d’Adrien Montefusco. Cet éleveur de Saint-Yvi (29) qui mène un élevage de 140 truies naisseur-engraisseur teste depuis deux ans et demi, avec l’appui de l’activité Porc Le Gouessant, l’arrêt de la caudectomie. Point sur les premiers enseignements de cette pratique qui permettrait, en cas de succès, de concilier une attente sociétale et un gain de temps pour les exploitants.

Adrien Montefusco est très engagé dans la promotion du métier d’éleveur sur les réseaux sociaux. Aussi, il est bien placé pour savoir que la coupe des queues des porcelets, pourtant censée éviter la caudophagie, est un sujet sensible et controversé dans l’opinion publique. « J’ai voulu tester l’élevage de porcs avec queues entières pour me forger ma propre opinion. Cette démarche a intéressé la Coopérative qui travaillait, elle aussi, sur le sujet. » Après un audit ayant confirmé une bonne situation sanitaire et l’absence de caudophagie dans l’élevage, Adrien s’est progressivement lancé sur quelques portées par bande, avec le concours technique d’Élise Bellec et d’Antoine Carel. Aujourd’hui, près de la moitié des porcelets de chaque bande grandissent avec leur queue entière. Les 2 techniciens porcs Le Gouessant ont réalisé des notations sur l’état et la longueur de queue des porcelets en fin de post-sevrage et d’engraissement. L’étude porte sur 2 400 porcs.

Détecter et agir tôt

« 60 % des porcelets engagés dans l’expérimentation ont une queue intacte en fin de post-sevrage, et 40 % en fin d’engraissement. Le taux de saisie moyen est similaire à celui de l’ensemble de l’élevage, tout comme les croissances et l’indice de consommation » indiquent Antoine et Élise. Pour autant, certains lots ont été plus simples à gérer que d’autres. De l’avis d’Adrien, « la problématique de la caudophagie est multifactorielle, donc complexe. Plus on détecte et on agit tôt sur les signes d’agressivité, mieux on contrôle la caudophagie dont la phase critique intervient entre 7 et 15 jours après sevrage. » L’éleveur a aussi observé des troubles de comportement des porcelets plus marqués au printemps « sans doute en raison des écarts élevés de températures entre le jour et la nuit. » Le chargement « ne semble pas être un facteur déclenchant de morsures. Mais la promiscuité peut aggraver une situation déjà fragile » commente l’éleveur. En outre, la sociabilisation précoce des porcelets « n’a pas eu d’effets probants sur la problématique, même si les porcelets étaient plus homogènes et dynamiques au sevrage. » Autre enseignement, positif celui-ci : « l’enrichissement du milieu avec des objets manipulables – cordelettes de chanvre, toile de jute… – permet, la plupart du temps, de contrôler la caudophagie. » Adrien, qui apprécie de voir ses cochons grandir avec la queue en tire-bouchon, compte poursuivre l’expérience « tant qu’elle ne se fait pas au détriment de mon bien-être et de celui de mon cheptel ! »

mesure des queues
La mesure et la notation des queues des porcs testés ont permis d’objectiver l’importance de la caudophagie.
enrichissement du milieu en porc
L’enrichissement du milieu, ici de la toile de jute, est l’un des principaux leviers dans le contrôle de la caudophagie.
Porcs
L’étude menée par Adrien avec la Coopérative porte sur 2400 porcs.