Conservation des grains : 0 insecticide, c’est possible

#collecte
25 septembre 2019
conservation des grains en silo vertical

Saviez-vous que Le Gouessant n’applique aucun insecticide à la réception des céréales dans tous ses sites de stockage ? La réussite de ce challenge, engagé dès 2014, démontre tout le savoir-faire de nos chefs de silos dans la conservation des grains. Il s’inscrit pleinement dans une démarche de développement durable, prévention santé et sécurité sanitaire sur les céréales que nous stockons à destination de l’alimentation animale ou humaine.

Les métiers du travail des grains doivent relever les nombreux défis auxquels sont confrontées nos filières : conformité aux législations sanitaires qui limitent les taux de mycotoxines et les résidus de produits phytosanitaires, interdiction des insecticides chocs, contrôle du développement des insectes, préservation des qualités technologiques et microbiologiques.

Un savoir-faire pointu

Pour y répondre, Le Gouessant a fait le choix, dès 2014, de passer à zéro insecticide sur ses sites de stockage en s’appuyant notamment sur un nettoyage méticuleux de ses silos en pré-stockage, une désinsectisation des locaux et une conduite de ventilation rigoureuse pendant le stockage. En effet, ces deux moyens disponibles demeurent parmi les plus efficaces, mais nécessitent une technicité et un savoir-faire assez pointus. La conservation des grains est bel et bien un métier qui ne s’improvise pas. Ainsi, Daniel Bellande, chef du silo de Saint-Aaron, organise chaque année des formations sur la conservation des grains pour sensibiliser nos équipes à ce sujet.

Refroidir pour bien conserver

Le grain est un organisme vivant, au stockage, il perd du poids parce qu’il respire. Une partie de ses réserves est alors transformée en chaleur, en vapeur d’eau et en gaz carbonique. Il respire d’autant plus qu’il est chaud. À noter aussi qu’une teneur en eau supérieure de deux points conduit à une intensité respiratoire double, d’où l’intérêt de stocker les grains aux normes commerciales d’humidité. Les insectes prédateurs des grains commencent à se développer dès que la température de la masse dépasse 12°C. À l’inverse, en dessous de 12°C, il n’y a plus de reproduction possible et une meilleure conservation des critères technologiques.

À la moisson, le grain, généralement récolté entre 25 et 35°C, est toujours trop chaud. Il faut donc le refroidir par ventilation le plus rapidement possible, en utilisant au mieux la baisse naturelle des températures extérieures. Cela permet ainsi pour du grain stocké à 15 % d’humidité de sortir des zones à risque de développement des moisissures, donc des mycotoxines et de dégradation des critères technologiques, notamment du pouvoir germinatif. La ventilation des grains doit commencer dès que l’écart de température entre le grain en cellule et l’air ambiant, qui va servir à le refroidir, est de l’ordre de 7 à 10°C. Cela nécessite de suivre ces deux températures dès la récolte et pendant tout le stockage.

Ventiler par paliers successifs

Pour refroidir, il faut faire circuler de l’air plus froid que le grain dans toute la masse stockée. Cette opération se fait souvent la nuit car, l’air est généralement plus froid que dans la journée et le prix de l’électricité est plus bas. Mais, il n’est pas possible de ramener en une seule fois du grain de 30 à 10°C car, en été, la différence de température, entre le grain et l’air, n’est jamais aussi importante. Il faut donc procéder par étapes, ou paliers de ventilation successifs. Dès la récolte, un premier palier de ventilation est généralement atteint entre 20 et 25°C. Puis, une ventilation, fin septembre début octobre, amènera le grain vers 15°C. Enfin, une autre, courant novembre lors des premières gelées, abaissera sa température à 10°C. La ventilation de refroidissement a alors un effet insecticide. Elle évite l’utilisation de produits chimiques susceptibles de laisser des résidus sur les grains.

Contrôler la teneur en eau

Plus le grain est humide et plus il respire. De ce fait, il faut impérativement contrôler l’humidité de tous les lots de grains réceptionnés. La limite supérieure d’humidité à laquelle il est possible de conserver les grains dans de bonnes conditions est de 15.5 % pour les céréales à paille car la ventilation doit suffire à ramener l’humidité aux normes commerciales (15 %). Au-delà de ces valeurs, la meilleure solution est le passage le plus rapidement possible dans un séchoir.