Fabrication d’aliments : la nutrition animale s’adapte à la crise

#nutrition
12 novembre 2022

Le conflit russo-ukrainien a entraîné des tensions sur les prix et la disponibilité des matières premières. Pour faire face et assurer l’approvisionnement des élevages, les fabricants d’aliments revoient leur copie. 

« L’enjeu est de proposer des gammes d’aliments en assemblant différentes matières premières capables de couvrir les besoins des animaux, cela au moindre coût », expose Mickaël Le Bihan, responsable formulation des aliments Le Gouessant.

L’exercice n’est pas simple quand on sait que le prix des matières premières est soumis aux aléas des marchés financiers.

« Il faut sans cesse réviser les stratégies achat et formulation en fonction des évolutions de marché, de manière à trouver la bonne recette qui apporte les nutriments nécessaires à un prix de revient optimisé.» La formulation idéale, à la fois performante et économique, change donc régulièrement. Si la composition des aliments varie, la qualité et la valeur nutritionnelle elles, restent stables.

Des équilibres prix perturbés

On comprend donc vite que la guerre en Ukraine qui a chamboulé les marchés des matières premières autant en prix qu’en disponibilité a complexifié la tâche. « Nous avons subi de grosses perturbations sur nos équilibres de prix et nos stratégies alimentaires.» Le tourteau de tournesol HiPro (1) ukrainien, dont étaient devenus friands les fabricants pour remplacer entre autre le tourteau de soja, a complètement disparu du marché. Il a donc fallu trouver des alternatives, sourcer d’autres matières premières ou d’autres origines. « Nous nous sommes tournés vers du tournesol HiPro
d’Argentine et du colza HiPro européen. » Pour certaines gammes d’aliments (porc et volaille), des pois et féveroles peuvent être utilisés.
Si le match des protéines se joue sur la disponibilité, celui des céréales est secoué par les prix. Des céréales moins chères comme le sorgho et le millet, même en faible volume, permettent d’atténuer la hausse dans certaines formulations. « Le challenge est de maintenir la performance des produits dans un contexte de pénurie pour certaines matières premières ou de difficultés d’approvisionnement pour d’autres, tout en garantissant à nos adhérents une stabilité de leurs revenus. »

Des idées, des solutions

Tandis que le contexte lié à la guerre en Ukraine oblige à trouver à très court terme des solutions économiques en utilisant les matières disponibles, il renforce la nécessité de se projeter à moyen et long terme pour élaborer d’autres pistes. « Nous avons les compétences en sourcing, en nutrition et en fabrication pour innover, travailler d’autres stratégies alimentaires et les tester dans des élevages de référence », rassure Mickaël Le Bihan. Des solutions, des idées, ça ne manque pas !