La marge sur coût alimentaire, un indicateur fiable pour progresser

#ruminant
05 août 2022

La marge sur coût alimentaire est un outil puissant et réactif pour piloter la production laitière avec perspicacité et précision. Intégrée dans l’outil Aunéor, elle offre aux éleveurs une expertise technique fine pour améliorer les performances économiques.

Avec 25 100€/UTH en moyenne en 2020, le revenu disponible des éleveurs laitiers est un des plus bas du monde agricole français. Et dans le contexte de hausse du coût des matières premières, il y a fort à parier que 2021 ne sera pas meilleur. « Il y a une urgence économique à augmenter le revenu et la trésorerie des éleveurs », alerte Muriel Johan, ingénieur Ruminant chez Le Gouessant. D’abord pour qu’ils puissent vivre de leur travail. Ensuite pour qu’ils soient capables d’investir et de moderniser les exploitations. « Pour renouveler les nombreux départs en retraite à venir, la filière doit se restructurer afin d’attirer des jeunes à s’installer. »

 

Le suivi de l’atelier lait avec Aunéor a fait progresser la marge sur coût alimentaire à 8,1€/VL/jour, de quoi situer le GAEC de l’Oisillière dans le top des meilleurs éleveurs du Groupe.

Un baromètre de l’efficacité économique

Face à l’enjeu de durabilité des filières, l’activité Ruminant Le Gouessant s’est lancé le défi d’augmenter les performances économiques des éleveurs laitiers. Pour cela, les équipes techniques et le service informatique ont développé l’outil Aunéor. Une démarche qui conjugue la Gestion Technico-Économique (GTE) des exploitations, la formation des équipes de terrain et l’accompagnement des éleveurs. Le premier module élaboré porte sur la marge sur coût alimentaire (MCA). « C’est l’indicateur opérationnel le plus pertinent car il prend en compte 90% des produits de l’exploitation et les charges alimentaires, qui elles représentent 30 à 35% du coût de production du lait », indique Muriel. Une fois ces charges déduites du produit lait, on obtient la valeur ajoutée apportée par chaque vache dans le troupeau. La MCA est donc directement corrélée à la rentabilité et au revenu final. Elle reflète immédiatement l’efficacité économique des intrants et celle du capital.

« L’éleveur est en capacité de mieux piloter son atelier avec pour double objectif de mobiliser moins de capital par vache et de générer du chiffre d’affaires, soit en augmentant la quantité de lait par vache, soit en améliorant la matière utile du lait. »

Pertinente, réactive, efficace, la MCA est un indicateur central de l’exploitation. Il fait le lien avec la marge brute et avec les choix posés sur la gestion des taries, la reproduction, l’élevage des génisses, les surfaces fourragères. À ce jour, près de 200 adhérents ont adopté le suivi en MCA au sein d’Aunéor. Suivre son évolution mois par mois et se comparer à un groupe technique cohérent est un réel atout pour conforter ses choix ou les ajuster. « C’est encore plus pertinent dans le contexte actuel où il faut être vigilant sur la rentabilité des intrants.  » La MCA est en quelque sorte le baromètre de l’efficacité économique des choix techniques de l’éleveur.

Repérer les bons leviers

Concrètement, les données recueillies dans Aunéor donnent « une image de l’exploitation à l’instant T ». Une fois la MCA calculée, et comparée à la moyenne des 10 % meilleurs, l’outil met le doigt sur les leviers à activer pour améliorer les performances de l’élevage. On parle de la production par vache par jour, de la quantité de lait par jour de vie, de l’âge au premier vêlage et de la production de lait en première lactation. «On se met d’accord avec l’éleveur sur les actions à mener. L’analyse des indicateurs techniques et économiques permet d’objectiver ce qui est mis en place. » Le suivi mensuel de l’évolution des performances du troupeau révélera si les mesures prises ont porté leurs fruits ou non. La variation de la marge indique rapidement si l’on progresse après un changement de ration par exemple. C’est ce qui s’est passé au GAEC de l’Oisillière en Mayenne, une exploitation de 70 Prim’Holstein avec salle de traite. Le calcul de la marge sur coût alimentaire a conduit à identifier une faiblesse au niveau de la production de lait. « La génétique était là. L’éleveur et son technicien, Kévin Lemarié, ont travaillé sur l’alimentation des vaches pour accroître l’expression du potentiel laitier. » En deux ans de suivi, la production est passée de 28 à 35 litres en moyenne troupeau, soit plus de 50 000 litres annuels livrés à la laiterie. La MCA en 2021 atteint désormais 8,1 €/vache/jour, un bon niveau. En moyenne, la MCA des adhérents du panel Le Gouessant s’établit à 7 €/vache/jour. Les 10 % meilleurs affichent 8,5 €.

 

Des évolutions dans les cartons

Rien n’est figé. Aunéor est voué à évoluer. Un module « génisse » basé sur trois indicateurs vient d’être mis au point. Parmi eux, le suivi de croissance avec dans le viseur un objectif de poids à 6 mois de 220 -240 kg. « Ce niveau de poids garantit un premier vêlage précoce et de belles performances pour la future carrière laitière. » Le deuxième indice porte sur le nombre de génisses à élever.

« Les éleveurs ont tendance à garder toutes leurs femelles et par conséquent à réformer plus qu’il ne faut. » L’outil calcule le taux de renouvellement et le nombre adéquat de génisses à conserver. Résultat, un gain de temps, d’argent et un meilleur contexte sanitaire. Le dernier indice concerne le coût de renouvellement en euros /1 000 litres. Autre thématique en cours de réflexion, la nutrition préventive. « La santé est un enjeu majeur. De nombreux indicateurs permettent de l’évaluer, notamment ceux autour du vêlage. » L’efficacité alimentaire est également un volet façonné dans Aunéor. « On se concentre sur l’efficience des animaux pour maximiser le potentiel de production laitière. »  Dernier point, l’interface de l’outil est amenée à évoluer pour rendre les synthèses consultables par l’éleveur, et à terme proposer un accès direct aux modules de simulations.