L’envolée des prix des matières premières est inédite

15 décembre 2021
Analyse des marchés agricoles

Loin des scenarii de 2007, 2010 ou 2012, la hausse des prix des produits agricoles est, aujourd’hui, multifactorielle. Pour comprendre cette situation, il faut remonter deux ans en arrière. Flashback…

2019

Les prix des matières premières agricoles sont historiquement bas. L’offre est pléthorique et la guerre commerciale entre les USA et la Chine sclérose les échanges entre les deux pays.

Mars 2020

La pandémie de Covid-19 arrive. Un krach boursier se produit sur les marchés financiers. Les pays se confinent. L’économie mondiale est sur le point de s’effondrer. Les banques centrales injectent des liquidités. Les investisseurs doivent placer cet argent qui coule à flots.

Août 2020

Les récoltes de céréales déçoivent. La Chine revient aux achats, anticipant la victoire de Joe Biden aux élections américaines. Les spéculateurs investissent massivement dans les matières premières. La hausse des prix des produits agricoles est initiée.

Hiver 2020/2021

Les logistiques mondiales toussent. Les confinements ont été fatals. Le fret maritime s’enflamme. La demande mondiale est toujours forte pour les denrées alimentaires. Certains pays continuent de stocker des grains. Les confinements et déconfinements successifs finissent par dérégler totalement les flux mondiaux. La sécheresse sévit au Brésil, impactant les cultures de soja et maïs. Les cours continuent leur ascension.

Été 2021

Les récoltes de céréales ne sont pas au rendez-vous. Les stocks des grands exportateurs s’effondrent, passant sous le niveau de 2007. Avec la reprise économique, les marchés énergétiques explosent, mettant en difficulté de nombreuses industries. Les pénuries de certains composants ou produits provoquent des à-coups dans les chaînes de production. Les matières premières agricoles initient un nouveau rallye haussier.

Automne 2021

Le prix du blé Euronext traite au-dessus des 300 €/t, entraînant dans son sillage les autres produits agricoles. Il ne faut pas oublier qu’aujourd’hui encore, la disponibilité en pain (et donc en blé) reste un facteur de paix sociale dans de nombreux pays. Les pénuries de matières premières à travers le monde s’accélèrent, s’intensifient à l’image de celle des engrais. Les spéculateurs réinvestissent sur les produits alimentaires pour « contrer » l’inflation galopante, la volatilité des prix est exacerbée. Les bourses mondiales battent, chaque jour, de nouveaux records. La géopolitique joue également un rôle prépondérant durant cette campagne, avec par exemple, les quotas russes à l’exportation des blés. L’inflation actuelle est la conséquence d’une moindre accessibilité aux matières premières, parfois de première nécessité. Les pénuries ont un effet domino inédit sur tous les secteurs d’activités. Dans ce contexte, les prix des matières premières resteront élevés encore de nombreux mois. Aujourd’hui, la seule hypothèse qui permettrait une chute brutale des cours des matières premières, est celle d’un krach boursier provoqué par un « cygne noir », c’est-à-dire un élément imprévisible et à la probabilité de réalisation très faible. Comme dit l’adage populaire « les arbres ne montent pas jusqu’au ciel ».