Les abeilles et l’agriculture : « avoir des ruches sur la ferme, ça me plaît ! »

#biodiversité #cultures #environnement
13 mai 2023

Concilier agriculture conventionnelle et apiculture, c’est possible. C’est même souhaitable, agriculteurs et producteurs de miel ayant chacun à tirer parti d’une bonne entente.

Des ruches au milieu des parcelles, Pierre Colas en a toujours vu. Installé depuis trois ans sur l’exploitation familiale à Saint-Aaron (22), il maintient la tradition de son père en hébergeant les ruches de deux apiculteurs. Une dizaine est présente à l’année au coeur du parcellaire groupé d’une centaine d’hectares.
« Elles sont placées sur une bande enherbée bien exposée au soleil », raconte-t-il. D’autres s’ajoutent près des colzas, pendant la période de floraison de mars à mai puis sur les parcelles de sarrasin de juillet à septembre. « Au total, il y a jusqu’à trente ruches sur la ferme. Ça me plaît. »

« Si mes pratiques de pulvérisation étaient mauvaises pour les abeilles, les apiculteurs ne placeraient pas leurs ruches sur mes parcelles. » Pierre Colas, agriculteur

Échange de bons procédés

« Colza, sarrasin et tournesol sont les meilleures espèces agricoles mellifères », détaillent Inès et Jean-Francis Commault, producteurs de miel à Saint-Alban et agriculteurs. Ils répartissent leurs 300 ruches dans les fermes alentours, dont celle de Pierre. « Si les agriculteurs jouent le jeu, qu’ils interviennent après que les abeilles sont rentrées, il n’y a pas plus de mortalité. » Respecter les horaires, c’est une évidence pour Pierre qui, en tant qu’ETA, intervient sur de grosses surfaces. « Je me conforme à l’arrêté Abeilles et même en dehors des périodes de floraison, j’interviens la plupart du temps après 21h et avant 9h du matin. » Double avantage, l’hygrométrie de la nuit concourt à la qualité de pulvérisation et les riverains sont épargnés des nuisances. « On est souvent montrés du doigt à cause des pesticides, alors qu’avec de bonnes méthodes de pulvérisation, du bon matériel et des plages horaires adéquates, la biodiversité est préservée. » Les apiculteurs ont besoin des surfaces agricoles qui fournissent aux abeilles nectar et pollen. En retour, les insectes pollinisateurs participent à la productivité des cultures, notamment le colza pour lequel leur contribution au rendement est de 0 à 30 % (1).

(1) Source Terres Inovia