Pomme de terre : La HVE, un atout pour remporter les appels d’offres

09 août 2022

Si la certification environnementale peut paraître une contrainte de plus, elle devient inéluctable dans l’évolution de la filière. Pour continuer à produire des pommes de terre pour le marché du frais et des produits transformés, il faut répondre aux besoins des clients. Et ça, les producteurs le savent bien.

Depuis mi-février, une référence de pomme de terre Le Gouessant est commercialisée sous le label HVE : la grenaille entière cuite. Que ce soit en première ou en cinquième gamme(1), la demande de la restauration collective en produits certifiés HVE est très forte. « La HVE va devenir la norme, elle permet de conserver et de consolider nos débouchés », assure Damien Zilinski, responsable commercial IAA et RHD(2). En effet, depuis le 1er janvier 2022, les repas servis en restauration collective du service public (armée, prison, hôpitaux…) doivent compter 50% de produits de qualité et durables. C’est sûr, « la HVE est un plus pour remporter les appels d’offres. Dans les mois et les années à venir, l’idée est d’étendre la certification à l’ensemble de la gamme ».

La HVE va devenir la norme pour consolider nos débouchés, mais la marche n’est pas toujours haute.

C’est assez urgent

La machine est lancée. Déjà cinq adhérents Le Gouessant sont certifiés HVE et d’autres le seront bientôt. « On est au tout début mais c’est assez urgent car la demande porte sur la prochaine récolte 2022 », précise Marine Collet, responsable QHSE. Les agriculteurs engagés dans la démarche choisissent plutôt l’option thématique que l’approche globale. Le volet irrigation ne pose pas de souci, la Bretagne étant peu concernée par cette pratique. Pour le module biodiversité, là non plus, pas de difficultés. « La rotation, les différentes cultures des systèmes en polyculture élevage et le milieu bocager font rapidement gagner des points », explique William Paquet, responsable cultures. La partie fertilisation intègre des éléments de la Directive nitrates, bilan azoté et couverture de sols, qui ne sont donc pas bloquantes. En revanche, la part de légumineuses sur l’exploitation et de SAU non fertilisée sont des points plus délicats.

Là où le bât blesse, c’est la thématique phytosanitaire. « En légumes, la protection fongicide et le désherbage sont incontournables pour garantir une protection de qualité. En année humide, quand la pression maladie est forte, ça peut être compliqué de rester dans les clous de la HVE ». Gagner des points peut passer par le travail du sol et le désherbage mécanique pour diminuer les IFT(3) et le recours à des OAD(4) et stations météo pour affiner la stratégie fongicide. Cela dit, la plupart des producteurs de pommes de terre répond déjà à des cahiers des charges(5) qui sur certains points rejoignent le référentiel HVE. La marche n’est pas toujours haute !

Une certification collective

Même les plus convaincus de l’intérêt de la HVE peuvent être rebutés par les démarches lourdes et chronographes. Pour alléger la formule, la solution est de recourir à la certification collective, à condition d’être plusieurs, bien entendu ! L’avantage est de diminuer la fréquence des audits dans les exploitations. Chaque année, l’organisme certificateur ne contrôle qu’un échantillon des audits  réalisés par la Coopérative.

(1) Première gamme : produits frais et bruts. Cinquième gamme : produits cuits sous vide, pasteurisés ou stérilisés, prêts à l’emploi, conservés par réfrigération. 

(2) IAA et RHD : industries agro-alimentaires et restauration hors domicile

(3) IFT : indice de fréquence de traitement

(4) OAD :  outils d’aide à la décision

(5) Global Gap, cahier des charges clients