Sans la métha, il ne serait peut-être plus agriculteur

#energie
28 décembre 2021

Avec dix ans de recul, François Trubert ne regrette pas son unité de méthanisation. Bien au contraire. Celle-ci a sécurisé la rentabilité de l’exploitation et crée une synergie entre les différents ateliers lait, volaille et cultures.

Quelques années après son installation à Gévezé (35), François Trubert se penche sur la méthanisation. «Je travaillais beaucoup pour rien. Il fallait que je trouve un moyen de gagner ma vie !» Fin 2011, l’installation de 150 kWh est construite et la vente d’électricité démarre. Le digesteur assimile essentiellement des effluents d’élevage issus de l’exploitation : lisier et fumier de bovins, fumier de volailles. L’ensilage de 40 ha de CIVEs complète la ration, surtout quand les vaches sont au pâturage et que le lisier se fait rare. Les autres intrants sont des déchets issus d’industries agroalimentaires et des tontes de pelouse. Au total, ce sont 5 900 tonnes de matières digérées par l’unité. Seize tonnes par jour. « Je souhaite fonctionner avec les ressources de la ferme sans achat de biodéchets. »

Utiliser la chaleur

Le moteur de cogénération produit 1,2 MW électrique vendu au réseau EDF et 1,5 MW thermique valorisé sur l’exploitation. « Pour que ce soit rentable, il est impératif d’utiliser la chaleur. » Celle-ci est récupérée pour chauffer le poulailler de 2000 m2, l’eau chaude du robot de traite, la maison, la piscine et le bâtiment de séchage en grange. « Je sèche la luzerne, les céréales, le maïs grain, et en prestation, des plaquettes bois, du blé et du sarrasin. » La méthanisation impose de revoir le système d’exploitation et l’organisation du travail : alimenter le digesteur, produire et ensiler des CIVEs, épandre du digestat, surveiller l’unité, assurer la maintenance. En ajoutant le temps consacré à l’AAMF, représente un temps plein. « J’ai embauché un salarié à 35 heures. » Question rentabilité, l’atelier procure un tiers de l’EBE et apporte une sécurité financière. « Si je n’avais pas la métha, pas sûr que je serais encore agriculteur. » Et au-delà de l’aspect économique, elle a créé une synergie entre les ateliers. Les effluents nourrissent le digesteur. En retour, la chaleur sèche le fourrage pour les vaches et chauffe les volailles. Le digestat fertilise les terres. « La métha est un élément central, elle fait vivre la ferme. »

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