Gagner le pari du renouvellement des générations

#porc #transmission-installation
16 mai 2022

Pour maintenir le dynamisme des filières et remplacer un maximum des actifs qui partiront en retraite au cours de la prochaine décennie, l’agriculture doit valoriser la diversité des projets et des profils autour d’installations à la viabilité vérifiée.

Entre 2010 et 2020, la ferme France a perdu 20 % de ses exploitations car un tiers des agriculteurs qui ont pris leur retraite n’ont pas été remplacés. Dans les 10 ans à venir, le renouvellement des générations sera encore plus important. Parmi les 496 000 chefs d’exploitation et associés qu’a dénombré le dernier recensement agricole, 55 % ont plus de 50 ans, 25,4 % ont plus de 60 ans. Au sein de la Coopérative, le constat est le même, un tiers des adhérents est à moins de 10 ans de la retraite. Pour combler les départs, 12 à 15 000 installations aidées ont lieu chaque année. Pour maintenir la dynamique des filières, il en faudrait le double.

Au défi du nombre de jeunes à installer, s’ajoute celui de l’évolution des modèles d’exploitation. Par exemple, beaucoup d’exploitations en société sont à la recherche d’un nouvel associé, alors que la majorité des candidats à l’installation veulent travailler en individuel. Pour une installation réussie, le futur cédant doit accepter que celui ou celle qui lui succédera ait un profil, des projets différents, voire même une autre conception du métier. C’est en valorisant la diversité des projets que le renouvellement des générations pourra se faire. Il va falloir également trouver des viviers de repreneurs potentiels au-delà des cercles familiaux. Déjà, un tiers des transmissions se font hors cadre familial. Les salariés en exploitation, ceux des services de remplacement mais également des porteurs de projet en reconversion professionnelle peuvent être autant de candidats à l’installation.

vue exterieure porcherie

L’accompagnement, la clé d’une installation réussie

Si les installations doivent être nombreuses, elles doivent surtout être de qualité pour assurer aux nouveaux agriculteurs un projet viable et pérenne. Le Gouessant accompagne les jeunes dans la construction de leur projet. « Nous aidons les cédants à préparer la transmission et à déterminer la valeur de reprenabilité économique de leur outil. Nous sommes aux côtés des candidats à l’installation pour réaliser une étude économique sur la cohérence et la viabilité », explique Sylvie Chapin, coordinatrice installation-transmission. « Nous leur proposons un accompagnement que ce soit pour l’amélioration des résultats technico- économiques comme pour les formalités d’installation. »

Profil des nouveaux installés bretons

24% de femmes
29,7 âge moyen
36% hors cadre familial

« À 21 ans, je me suis installée après un tiers »

Après son BTS et une première expérience dans une maternité collective, Ségolène Poulard se voit proposer une place par des producteurs de porcs avec qui s’entraide son ami, déjà installé en vaches laitières, à Sens de Bretagne (35).

Même avant qu’ils m’embauchent, mes futurs cédants me disaient déjà « on a une porcherie à vendre », se souvient la jeune femme. « Je disais « c’est pas pour moi » en plaisantant. Jamais je n’aurai pensé pouvoir m’installer hors cadre familial à 21 ans ». Pourtant depuis un an, c’est chose faite. Ségolène Poulard a repris leur atelier de 90 truies NE. « J’ai d’abord travaillé comme salariée, puis, quand on a vu que l’installation était possible, dans le cadre d’un contrat de parrainage », explique la jeune éleveuse. Ségolène Poulard a pris le temps et les conseils nécessaires pour s’assurer de la viabilité du projet. « J’ai rejoint Le Gouessant pour trouver les bons accompagnements sur les volets liés à l’installation et la technique », apprécie-t-elle. Au niveau financier, le contrat Pig Sekur, lui apporte une certaine sécurité en garantissant pour 50 % de ses porcs charcutiers un prix sécurisé équivalent au coût de revient moyen base MPB sur les trois premières années d’installation. Ses cédants ont aussi joué le jeu en faisant tout pour lui transmettre un outil fonctionnel. « Par exemple, ils ont investi dans la biosécurité juste avant mon installation, en faisant un sas et en fermant l’élevage par des murs et des portails ». Grâce à tous ces accompagnements, Ségolène Poulard a réussi son pari de s’installer hors cadre familial à 21 ans.

Ségolène Poulard éleveuse de porcs Sens-de-Bretagne (35)