Optimiser la fertilisation et stocker du carbone dans le sol

#cultures #environnement
22 mars 2023

Le secteur végétal a de sérieux atouts pour s’inscrire sur le marché du carbone. Le Gouessant explore les pistes et les outils pour identifier les opportunités à saisir.

On peut agir pour limiter ses émissions de gaz à effet de serre mais on peut surtout stocker du carbone. « Les plantes cultivées et la sylviculture sont les seules activités économiques capables de compenser les émissions », appuie Jeanne Séronie-Doutriaux, responsable agronomie et développement de filières. Le Gouessant explore le marché du carbone pour offrir à ses adhérents de nouvelles opportunités.
La vente de crédits carbone bénéficiant du label français bas-carbone est une première piste. Pour être labellisé, un projet doit se référer à une des méthodes approuvées par le ministère : Carbon agri, gestion durable des haies, plantation de vergers, grandes cultures… Pour cette dernière, huit outils développés par des instituts ou des startups sont disponibles. « Nous les testons pour trouver celui qui correspond le mieux au contexte de la Bretagne et à la typologie d’exploitations de nos adhérents. »

Rendre un sol plus fonctionnel et plus vivant, c’est stocker du carbone.

Des tests en cours

Pour l’heure, deux diagnostics ont été menés avec le volet végétal de CAP’2ER sur des fermes en polyculture élevage. Reste à identifier les leviers, établir le plan d’actions avec les éleveurs et simuler la quantité de crédits carbone générés. Et aussi à déterminer si le jeu en vaut la chandelle ! « Il faut se poser la question de l’intérêt de s’inscrire sur un contrat de cinq ans, au regard des changements techniques à initier, du coût administratif et du temps à y passer. » Ne pas sous-estimer que ces évolutions de pratiques se dessinent sur un temps long.

Que faire pour faire mieux ?

Après le méthane (CH4), le principal GES agricole est le protoxyde d’azote (N2O). En productions végétales, les leviers pour réduire ces émissions relèvent essentiellement de la fertilisation des cultures. On peut épandre moins d’azote, implanter des légumineuses, choisir des formes d’engrais protégés pour limiter la volatilisation, utiliser des inhibiteurs, enfouir. Pour limiter les émissions de CO2, la solution est de recourir à des techniques de travail du sol simplifiées moins gourmandes en carburant. Quant au stockage du carbone dans le sol, plusieurs pistes sont à réfléchir : remplacer les engrais minéraux par des engrais organiques, augmenter les surfaces de prairies, choisir des techniques qui perturbent peu la vie du sol, laisser la paille et les résidus de cultures au sol, augmenter la biomasse des couverts végétaux, leur surface et leur durée. « Les intercultures courtes semées après les moissons et détruites avant les semis d’automne sont un important levier car peu pratiquées en Bretagne. » Une autre voie consiste à miser sur les arbres avec l’agroforesterie, la plantation d’arbres, de vergers, de haies.

Engager juste une parcelle

D’autres systèmes que le label bas-carbone peuvent conduire à la vente de crédit carbone. Le Gouessant a travaillé sur une démarche à la parcelle en utilisant un référentiel européen. Il s’agit d’appliquer un produit favorisant la vie du sol et la fixation de carbone sous forme d’humus stable. Question pratique, le fonctionnement est identique : un diagnostic initial, des actions à mettre en place, un contrat et un bilan cinq ans plus tard. Ce sont les analyses de terre en année 1, 3 et 5 qui font foi et prouvent l’augmentation du carbone séquestré. Trois adhérents Le Gouessant ont signé un contrat de ce type cette année, sur des surfaces allant de 20 à 80 ha. « L’idée est de choisir des parcelles hydromorphes ou compactées et de financer l’action agronomique par la démarche bas-carbone.»

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